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Doit-on parler de la mort avec les jeunes ?

2 Déc, 2021 | L’intergénérationnel, Lutter contre l’âgisme

Marie de Hennezel
Marie de Hennezel

Marie de Hennezel est reconnue pour son engagement envers l’amélioration des conditions de la fin de vie et contribue au changement de l’image dans notre société du vieillir et du grand âge.

Son expérience des soins palliatifs auprès des personnes en fin de vie, les livres qu’elle écrit sur le sujet et les rencontres qu’elle organise lui permettent d’aborder ce sujet de manière naturelle avec toutes les générations. 

En quoi les jeunes d’aujourd’hui et en particulier nos Tandémiens qui ont envie d’aller vers les personnes âgées, ont-ils besoin de s’approprier la question de la fin de vie ?

Il y a un malentendu autour du terme fin de vie

Le grand-âge

M.H. : La fin de vie pour des personnes vieillissantes, ce ne sont pas les trois dernières semaines de leur vie.

Quand on arrive dans le grand âge, vers 85-90 ans, on est déjà dans sa fin de vie et elle peut durer des années. C’est pour cela que lors du premier confinement, les personnes qui étaient en fin de vie avaient envie de vivre. Et non pas être recluse dans une chambre sans pouvoir communiquer avec les autres. Il ne fait donc pas voir cette période uniquement comme une période tournée vers la mort mais bien vers la vie.

Que doit savoir un jeune sur la relation que la personne âgée entretient avec la mort ?

M.H. : Il faut savoir que toutes les personnes âgées ont dans la tête l’idée de la mort.

Personnes âgées

C’est naturel à partir d’un certain âge, on a conscience que l’on est sur sa dernière trajectoire. On y pense non pas de manière morbide, mais de manière sereine. Devant cette réalité, on se dit que l’on a envie de vivre pleinement ce que l’on a envie de vivre. La fin de vie en cela renvoie toujours à la vie.

Ce que les jeunes, et en particulier les Tandémiens, doivent savoir, c’est que les personnes âgées veulent faire du temps qui leur reste à vivre quelque chose qui leur convient et qui correspond à ce qu’elles sont. Elles ont envie d’aller au bout des choses qu’elles ont envie d’accomplir. 

Cette envie de vivre pleinement pendant cette période s’est accentuée avec la Covid 19. Après le premier confinement, j’ai organisé des tables rondes avec des personnes âgées de 80 à 100 ans. Elles m’ont dit qu’elles avaient été conscientes qu’elles pouvaient mourir ou être en réanimation. Quand la pandémie s’est calmée, beaucoup d’entre elles ont mis leurs affaires en ordre, ont écrit à leurs enfants et ont réfléchi à ce qui était le plus important pour elles. Elles ont eu le sentiment d’être pleinement en phase avec elles-mêmes.

Pour un jeune qui a envie d’échanger avec une personne âgée, comme un Tandémien, est-ce essentiel de réfléchir à la question de la mort ou au contraire, cela ne risque-t-il pas de casser son enthousiasme ou sa spontanéité ?

M.H. : Cela dépend de la manière dont on lui en parle et de l’appropriation que le jeune en fait. C’est important de se dire que la fin de vie, c’est avant tout la vie et non la mort. C’est une période où l’on vit pleinement et intensément sa vie restante et non une période pendant laquelle on pense uniquement à la mort. Il faut pouvoir aborder simplement ce sujet qui fait partie de la vie et qui nous apprend à vivre.

Pensez-vous que c’est un sujet que les jeunes ont envie d’aborder ?

M.H. : Je vais partager avec vous deux expériences que j’ai eus la chance de vivre.

La première, c’est l’invitation d’une de mes petites-filles, qui avait à l’époque 22 ans, d’aller parler de la fin de vie dans son lycée. C’est elle qui a pris l’initiative d’aller en parler à ses professeurs.

J’avais devant moi 200 élèves de 18 à 22 ans. A ma grande surprise, pendant que je parlais, je n’entendais pas une mouche voler, ce qui n’était, semble t-il, pas une habitude lors des conférences de l’école. J’avais les yeux braqués sur moi et une écoute incroyable. Je leur ai parlé de manière très simple de l’accompagnement des mourants, des soins palliatifs, de l’euthanasie… à la fin, beaucoup d’élèves sont venus par petits groupes me remercier et me dire que jamais personne ne leur parlait de la fin de vie. 

étudiant

La seconde, c’était en mars dernier, où j’ai été au lycée militaire d’Autun, et où j’ai abordé les mêmes sujets. Certains étudiants avaient même des larmes qui coulaient.

La société cache la mort, mais plus on est dans le déni de la mort, plus cela angoisse.

Ces deux expériences que j’ai vécues avec ces jeunes m’ont démontré qu’ils sont en attente d’un mot qu’ils peuvent poser sur la perte d’un grand-père ou parfois d’une mère. Ils ressentent ce manque, comme si quelque chose n’allait pas. De leur en parler les rassure. A leur âge, c’est une réalité de la vie à laquelle ils seront confrontés dans très longtemps, avec celle de leurs parents. Ils peuvent donc y réfléchir avec recul.

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