La mémoire est omniprésente au quotidien. Elle nous permet de retenir toute sorte d’informations (souvenirs personnels, connaissances culturelles, procédures automatiques…) pendant une durée plus ou moins longue. Elle constitue le passé de chacun, notre identité. En vertu de son rôle important, les troubles de mémoire s’avèrent handicapants, et ce, à tout âge, bien que les personnes âgées soient les plus concernées.
On se penchera ici sur l’évolution de la mémoire, sur le déclin de ses performances avec l’âge, tout en gardant en tête que l’avancée en âge n’est pas l’unique facteur engendrant cette dégradation. Loin de là. On vous explique tout.
Le cerveau à la loupe
La mémoire n’est pas la même à tout âge car le cerveau ne sollicite pas les mêmes zones en fonction des âges. Pour prendre soin de son cerveau, en préserver et en renforcer les ressources, mais aussi comprendre pourquoi il dysfonctionne, il faut d’abord se pencher sur son anatomie et son fonctionnement.
Le cerveau en chiffres, c’est :
- 75% d’eau
- 10 000 synapses par neurones
- 7 000 dendrites
- 2% du poids total du corps
- 20% de l’énergie consommée
- Entre 85 et 100 milliards de neurones
- 400 g à la naissance et 1.3 kg à 20 ans.
Vieillissement et mémoire
Contrairement aux idées reçues, le nombre de neurones au cours du vieillissement diminue très peu. En revanche, la qualité des liaisons entre les neurones s’amenuise, la vitesse de conduction ralentit, les neurotransmissions s’altèrent… On constate également une diminution du volume du cerveau (2% par décennie à partir de 30 ans). Tous ces phénomènes entraînent une diminution de certaines fonctions et peuvent altérer la mémoire.
Pour autant, si certaines fonctions mentales déclinent, d’autres s’améliorent. Ainsi, à partir d’un certain âge, il faut plus de temps pour apprendre ; la capacité à réaliser plusieurs tâches en même temps diminue : en revanche, le vocabulaire s’enrichit (tout le contraire des jeunes générations !). Et si l’âge affecte la capacité à mémoriser de nouvelles informations, il touche peu les connaissances et l’expérience acquise… Lorsque le cerveau n’est pas touché par une maladie neurodégénérative, le déclin intellectuel n’a donc rien d’inéluctable… à condition de participer activement à sa stimulation cognitive !
Pas une, mais des mémoires !
La mémoire est l’ensemble des processus cérébraux qui permettent d’apprendre une information et de la retenir pour l’utiliser plus tard au moment souhaité. Nous possédons une douzaine de systèmes de mémoire, parmi eux :
- La mémoire à court terme, ou mémoire de travail. Il s’agit de la capacité à retenir une information très courte dans un but immédiat. C’est elle qui permet la répétition immédiate d’une information comme un numéro de téléphone. Sans répétition, elle disparaîtra en 20 ou 30 secondes. De plus, cette mémoire ne retient en moyenne que 7 éléments.
- La mémoire à long terme. Il s’agit de celle qui conserve durablement les informations pendant des jours, voire des années. Elle est subdivisée en 4 formes de mémoires :
- La mémoire épisodique : c’est la mémoire des moments passés que nous avons personnellement vécus.
- La mémoire sémantique : c’est la mémoire du savoir et des connaissances, qui comprend également ce qui se rapporte au langage.
- La mémoire perceptive : elle dépend des informations apportées par nos sens.
- La mémoire procédurale : c’est la mémoire des gestes répétés qui deviennent automatiques comme le fait de savoir conduire une voiture.
La mémoire épisodique et la mémoire de travail sont les plus « fragiles » et celles qui vont se dégrader en priorité avec l’âge, et surtout avec l’apparition de maladies.
La nécessité de « muscler » son cerveau
Comme le reste du corps, le cerveau vieillit. Mais tandis que certaines personnes voient leur mémoire se détériorer, d’autres conservent un esprit aussi vif qu’à 20 ans. Leur secret : la plasticité cérébrale, cette capacité du cerveau à remodeler ses réseaux neuronaux pour s’adapter. Le cerveau va ainsi mettre en place des stratégies de compensation pour pallier la diminution des performances liées à l’âge ou à une pathologie comme la maladie d’Alzheimer.
Plus le cerveau possède de connexions, plus il lui est facile de mobiliser d’autres réseaux lorsque certains sont détruits. C’est ce que l’on appelle la réserve cognitive. Elle est le résultat de capacités innées, certes, mais aussi d’expériences de vie (parcours scolaire, profession, réseau social, loisirs, exercice physique…).
Outre leur effet sur la richesse des connexions, ces expériences de vie vont stimuler la fabrication de nouveaux neurones. « Muscler » son cerveau tout au long de la vie, c’est donc non seulement préserver ses neurones et leurs connexions, mais aussi en fabriquer de nouveaux. Et, finalement, lui permettre de lutter efficacement contre son déclin.
Entretenir la réserve cognitive demande un effort
Pour garder l’esprit alerte, il est important de ne pas se reposer sur ses acquis. Si on les met au repos, nos neurones s’étiolent. Plus exactement, lorsqu’il n’y a plus assez d’influx nerveux dans un circuit, les synapses, ces zones de connexions entre les neurones, disparaissent. Toutes les activités cérébralement stimulantes, complexes, qui vont faire intervenir les capacités d’anticipation, de réflexion, de planification vont participer à l’entretien de cette réserve cérébrale. Bon nombre d’activités de loisirs remplissent ces conditions, à l’instar des activités culturelles (lire, apprendre une langue étrangère, suivre les universités du troisième âge), comme celles que nous proposons avec Tous en Tandem, des activités manuelles ou du jardinage.
Si vous ne deviez retenir qu’une chose : le pire danger pour le cerveau est de rester inactif et seul.
Et participer aux activités de Tous en Tandem, c’est contribuer à entretenir sa réserve cognitive dans un cadre convivial, dynamique et interactif !
« Une mémoire active et fidèle double la vie »
Pierre-Claude-Victor Boiste le dictionnaire universel 1800

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