Aujourd’hui, la dénutrition des seniors est un réel fléau. En effet, elle concerne 2 millions de personnes et la moitié seulement est prise en charge (600 000 en maison de retraite et 400 000 chez elles). Véritable problème de santé publique, une mauvaise nutrition peut entraîner une augmentation du niveau de dépendance, des risques de comorbidité et même de mortalité dans certains cas, ainsi qu’une diminution de la qualité de vie.
Pourtant, les repas rythment la journée des seniors et représentent pour la plupart un plaisir quotidien. A l’heure où les projets personnalisés, la bientraitance et l’éthique sont des sujets quotidiens en EHPAD, de nombreuses start-up et grands groupes s’intéressent à ce sujet. Quelques explications.
1- La dénutrition des seniors : un enjeu majeur de santé publique
De manière générale, avec l’âge, différents facteurs conduisent les seniors à moins s’alimenter. Les causes peuvent aller d’une perte du goût, partielle ou totale, à une dépression, en passant par des troubles cognitifs ou une difficulté à mâcher. Cette dénutrition est le plus souvent difficile à détecter, le symptôme visible étant le plus souvent la perte de poids, d’où la nécessité d’agir dès que possible.
L’importance de l’environnement
En EHPAD ou résidences services, l’environnement est un levier incontournable demandant un investissement de toutes les équipes : en effet, la satisfaction qui est retirée d’un repas et sa consommation dépendent à 80% de l’environnement (accueil, convivialité, jolie table, vaisselle, atmosphère…) et seulement à 20% du contenu de l’assiette. Les autres pistes d’amélioration organisationnelle sont nombreuses : heure et durée des repas, aide alimentaire efficace, formation des équipes à la nutrition…
En outre, le vieillissement s’accompagne, en plus des problèmes de dentition, d’une diminution des capacités sensorielles touchant tous les sens en particulier le goût et l’odorat, amplifiée par la prise de certains médicaments. Les seuils de perception des saveurs et odeurs se trouvent modifiés. Il convient donc d’augmenter l’attrait des repas en optimisant le goût, l’arôme, la texture des aliments. Enfin, la mise à disposition sur la table de condiments (sel, poivre, aromates, herbes, rondelles de citron) permet d’augmenter la consommation.
2- Nutrition des seniors : des pistes d’amélioration en établissements
Par ailleurs, de nombreuses initiatives se mettent en place. Les objectifs sont multiples : améliorer la satisfaction des personnes âgées, le moment du repas étant une source de plaisir essentielle, diminuer le nombre de personnes en état de dénutrition, mais aussi réduire le gaspillage alimentaire (115 000 tonnes de nourriture sont jetées par an dans les établissements).
Zoom sur le « manger-mains »
Saisir ses couverts, couper des aliments, les porter à sa bouche. Cette succession de petits gestes nécessaires au bon déroulement d’un repas peut être difficile à effectuer pour des seniors atteints d’apraxie, ce trouble du mouvement dû notamment à un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral ou à la maladie d’Alzheimer. Le manger-mains regroupe tous les aliments qui peuvent être mangés sans l’aide de couverts : petits sandwichs, toasts, mini-quiches ou mini-pizzas, terrines, crudités, certains fruits, beignets salés et sucrés… Certains aliments peuvent également être mixés pour être ingérés facilement à l’aide d’une paille ou d’une gourde, comme un yaourt ou de la compote.
Si manger avec les mains semble parfois pour la famille ou les aidants de prime abord infantilisant voire dégradant, cette approche permet surtout aux personnes âgées de retrouver leur autonomie en mangeant par elles-mêmes, et non avec l’aide d’un tiers, qui peut être mal vécue. Les seniors ont à nouveau la possibilité de manger à leur rythme, de manière plus spontanée. Avec pour résultat un retour de l’appétit, une reprise de poids, mais aussi une diminution de l’agressivité.
L’enrichissement protéino-énergétique
L’enrichissement protéino-énergétique est également une stratégie efficace de lutte contre la dénutrition. Il consiste par exemple à augmenter la densité protéino-énergétique des repas c’est-à-dire à augmenter les apports en protéines et calories des éléments constitutifs du repas sans en augmenter leur volume (entrées, plats, laitages, desserts, collations, boissons…).
3- Prévenir la dénutrition à domicile
Enfin, même si le médecin généraliste reste l’interlocuteur clé pour détecter et soigner la personne dénutrie, la famille joue un rôle primordial pour tirer la sonnette d’alarme. On estime que 4 à 10% des seniors à domicile sont concernés par la dénutrition. Pour les seniors en situation de maintien à domicile, les entreprises de services à domicile ont une réelle responsabilité de suivi et d’alerte en cas de difficulté.
En effet, en vieillissant, cuisiner devient une occupation vite délaissée pour faire place au grignotage. Certaines prestations de préparation et de portage de repas à domicile permettent d’assurer une compagnie pendant les déjeuners afin de conserver la dimension sociale et culturelle associée aux repas. La livraison de repas est l’occasion pour les professionnels de vérifier aussi qu’il n’y a aucun produit périmé dans le frigo ou que les repas de la semaine ont bien été pris correctement.
