Après avoir abordé la question de la formation des animateurs…
Nous mettons la lumière sur un Ehpad qui a réussi le pari de mobiliser tous les membres du personnel autour de l’animation.
Rencontre avec Marine Le Duc qui est coordinatrice d’animation dans la résidence La Chaumière, un Ehpad situé dans le Morbihan qui ne désemplit pas depuis sa délocalisation et l’augmentation du nombre de lits en 2013.
Quelle place l’animation tient-elle au sein de l’établissement où vous travaillez ?
Elle est centrale dans le projet de l’établissement.
Chaque membre du personnel, que ce soit les aides soignants, les femmes de ménage ou les personnes de l’accueil par exemple, doit avoir un projet d’animation à l’année.
Par exemple, la personne chargée de l’accueil à mis en place le projet poulailler. Cela peut être du soin des mains, de la lecture, des jeux de mots, de la sophrologie ou la lecture du journal, en fonction des affinités de chacun.
Comment cette approche de l’animation a-t-elle été mise en place ?
L’ancien directeur de l’Ehpad, Jean-Pierre Le Garff, était visionnaire et a perçu très tôt les bienfaits que l’animation pourrait avoir sur les résidents et le personnel. Tout ne s’est pas fait en un jour, il a fallu convaincre chaque membre du personnel de faire bouger les lignes.
Ce projet d’établissement perdure avec la nouvelle directrice qui est arrivée il y a deux ans.
Elle n’avait pas la même approche de l’animation dans ses précédents postes. Mais en voyant les bienfaits sur les équipes, les résidents et leurs familles, elle nous a fait confiance en continuant d’allouer un beau budget à l’animation et en validant la majorité de mes propositions d’animations. La confiance mutuelle et l’engagement de la direction, c’est à mon sens les clés de la réussite pour mener un tel projet.
Impliquer le personnel dans l’animation est-il toujours bien perçu ?
Parfois les aides soignants ont du mal à se reconnaître dans un rôle d’animateur.
Mais ils se rendent compte rapidement que de faire un jeux avec un résident permet de créer avec lui une autre relation que celle de soigné à soignant.
La personne âgée n’est plus perçue seulement comme une personne fragile. Les aides soignants constatent aussi que les soins se passent plus facilement.
Il se peut qu’un résident puisse déprimer ou souffrir de solitude et le meilleur soin à lui apporter, c’est de faire un jeu avec lui. Cela met le personnel en dynamique de projet.
Quel est votre rôle dans ce projet d’établissement ?
Je suis coordinatrice d’animation, c’est-à-dire que j’organise toutes les animations de la semaine pour les quatre maisonnées (il y a deux Unités Spécialisées Alzheimer et deux unités d’hébergement traditionnelles dans l’établissement).
Mon rôle n’est pas d’animer mais de coordonner les animations, d’accompagner les équipes dans leurs animations, de les impliquer, de les valoriser et de les former.
Quand un nouveau collaborateur arrive, je lui présente les animations que nous organisons pour qu’il indique celle avec laquelle il est le plus à l’aise, celle qu’il ne veut pas faire et celle qu’il ne connaît pas. Lors de l’entrée d’un nouveau résident, je fais partie de l’équipe qui élabore son PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) au même titre que le psychologue, le médecin ou l’infirmier. Je suis là pour penser à sa vie future dans notre établissement.
Quels sont les objectifs des animations qui sont organisées dans la résidence La Chaumière ?
C’est d’abord de créer une vie sociale dans l’Ehpad et de faire en sorte que le senior se sente vivant et utile.
C’est aussi de donner envie aux résidents de créer des groupes en fonction de leurs intérêts communs sans qu’ils aient besoin d’être encadrés par un professionnel. C’est enfin de permettre aux résidents de s’approprier leur lieu de vie.
De ce fait, nous organisons pour des seniors désorientés une animation avec des malles de linge pour que les résidents le plient, où nous leur apportons du linge propre encore mouillé et un étendoir afin qu’ils l’entendent. Ceci leur permet de se réapproprier des gestes du quotidien qu’ils ne font plus quand ils vivent dans un Ehpad et de prendre part à la vie en collectivité . Cela contribue à ce qu’ils se sentent comme chez eux.
Votre approche de l’animation a-t-elle participé à la réputation de votre établissement ?
Certainement !
Nous avons une liste d’attente très longue pour venir chez nous. C’est la reconnaissance de notre travail et de la bienveillance de nos équipes. De plus, c’est la certitude d’avoir des résidents qui sont heureux d’être là et de participer aux activités. Il y a même des seniors qui viennent visiter l’Ehpad pour prévoir leur vie dans 20 ans !
Une belle trilogie
Tous en Tandem s’interroge bien entendu sur la place donnée à l’animation, au lien social dans les maisons de retraite. Par évidence la position de la direction influe complètement sur le rôle des animateurs, l’étendue de leur poste mais aussi sur les profils recrutés et sur l’implication du reste de l’équipe aux côtés des animateurs et non à côté de ces derniers.
