Sans doute trop peu mis en avant, le lien intergénérationnel est un formidable levier de développement du lien social. Il vise à favoriser le contact, l’entente et la transmission de divers savoirs entre des personnes d’âges différents. Tout ceci est évident, mais comment expliquer la hausse de l’isolement et de la solitude subis ou ressentis de nos aînés ? Les avons-nous délaissés ? La société tournée vers l’individu, a-t-elle oublié que l’Homme est avant tout un être social ?
Un âge avançant
En effet, l’âge avançant, certains de nos aînés se sentent de plus en plus en marge de la société, confrontés à des situations de « pauvreté relationnelle ».
300 000 français de plus de 60 ans se considéraient en 2017 en situation de « mort sociale », ce qui représente l’équivalent de la population d’une ville comme Nantes. Alors qu’il est courant de parler d’isolement et de solitude, l’idée d’une société plus intergénérationnelle peut paraître utopique, ou plus difficile à mettre en place.
Des solutions dans l’idée d’une société plus intergénérationnelle
Pourtant, de nombreuses initiatives voient le jour aujourd’hui, comme les objets connectés, les réseaux sociaux ou encore le concept de cohabitation intergénérationnelle.
L’idée serait peut-être de mettre en avant des pistes d’actions concrètes pour inventer une vraie politique de tous les âges et pour toutes les générations. Repenser la société aujourd’hui pour mieux l’appréhender demain.
L’importance des liens intergénérationnels
Les liens sociaux sont bénéfiques, et ce, quelle que soit la génération.
- D’une part, les jeunes ont beaucoup à apprendre de leurs aînés.
- D’autre part, les seniors, en maintenant des liens intergénérationnels avec leurs enfants, leurs petits-enfants ou encore leur voisinage, profitent d’une vie sociale plus riche et entretiennent des relations avec l’extérieur : un aspect non négligeable lorsque l’on sait que plus d’une personne de plus de 60 ans sur trois ne sort pas de chez elle tous les jours (source : enquête « Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France en 2017 »).
Le dialogue entre les générations s’impose nécessairement pour maintenir une complicité intergénérationnelle et comprendre les réalités vécues par les différents groupes d’âges. Partager permet d’échanger les expériences des générations et peut conduire à la création d’initiatives communes.
En outre, la solidarité entre les personnes d’âges différents constitue un moyen de répondre aux défis économique, social et politique résultant des changements démographiques.
L’intergénérationnel pour pallier la solitude de nos aînés
Beaucoup d’organismes et de villes mettent en place des projets consacrés à l’intergénérationnel, l’objectif étant d’aider les différentes générations à se rencontrer pour favoriser les échanges sur leurs modes de vie et leurs habitudes.
Tous en Tandem met en place le premier réseau d’étudiants au service des aînés pour réaliser des animations en établissements pour personnes âgées (en maisons de retraite, EHPAD, résidences seniors, résidences services) ou dans les espaces seniors des communes.
Ces étudiants mettent à profit leur temps libre pour proposer aux aînés des séances d’animations interactives, ludiques et culturelles pour aiguiser leur curiosité et leur attention. C’est gagnant-gagnant pour les aînés et les étudiants ! Un service qui allie l’utile à l’agréable.
Les Talents d’Alphonse capitalisent sur le domicile, permettant aux jeunes de profiter de l’expérience d’un retraité de leur quartier. MyDonger, une application, met quant à elle en relation des seniors isolés avec des particuliers disponibles pour une visite, une sortie ou une aide aux courses, tout en étant rémunérés. Nous pourrions en citer des dizaines d’autres comme Philomène, Les amis d’Hubert ou Familéo…
L’intergénérationnel, un début de réponse
A n’en pas douter, les relations intergénérationnelles revêtent bon nombre d’intérêts.
D’une part, elles brisent les stéréotypes, en créant de nouvelles formes de rapports sociaux, de respect et de réciprocité.
D’autre part, elles stimulent et revalorisent les seniors, trop souvent habités d’un sentiment d’inutilité, et les encouragent à « reprendre leur vie en mains ».
Il est sans doute temps de considérer les choses sous un autre angle, de rechercher ce que chaque génération peut apporter à l’autre, pour que le vieillissement soit considéré comme une chance et non comme une dure réalité. Le Gouvernement travaille aujourd’hui en ce sens, encourageant le concept d’habitat intergénérationnel et reconsidérant progressivement la place de l’aidant familial.
Sommes-nous à l’aube d’un réel changement ? Dans tous les cas, il s’agit là d’une manière d’aller à l’encontre de cette « précarité relationnelle » progressive de la personne âgée. Il s’agit également d’aller vers une société plus humaine, plus respectueuse des aînés et … à n’en pas douter plus solidaire.
