
Non, on ne parle pas d’une semaine dédiée aux océans, ni de sept jours consacrés aux Schtroumpfs. La Semaine Bleue est en réalité une semaine nationale destinée aux retraités et personnes âgées. Ayant vu le jour en 1951, elle s’articule chaque année autour d’une thématique précise. Les acteurs de la silver economy s’engagent auprès de leurs aînés le temps d’une semaine. Cette année, le thème est “Ensemble, bien dans son âge, bien dans son territoire” et Tous en Tandem y participe ! Nous allons nous intéresser à son histoire, et de voir si elle a toujours le même but de nos jours.
Le commencement de la Semaine Bleue dans les années 50
Face aux souffrances de nombreuses «personnes âgées», le ministère de la Santé créé en 1951 la «Journée des Vieillards». L’objectif est de collecter des fonds pour aider les personnes âgées dans le besoin. L’aide se verse sous forme de bons alimentaires, de charbon et d’électricité. L’arrêté ministériel confie l’organisation des activités de levée de fonds au «Comité national d’entente», composé de grandes associations caritatives . L’Union nationale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss) coordonne le secrétariat général . Au niveau départemental, la direction des affaires sanitaires et sociales (Ddas), sous la tutelle du préfet, se charge de créer et de diriger les comités départementaux.

La journée est précédée d’appels aux dons, avec toute une communication insistant sur la pauvreté des seniors. Des associations locales se chargent de la collecte (Saint Vincent de Paul, Secours catholique, Bureaux de bienfaisance, etc.). Petit à petit émerge un souci de solidarité, de bienveillance. Une partie de l’argent sert à la création du premier lot de services d’aide aux familles.
Une nouvelle formulation pendant les années 70
En 1971 , la loi Boulin augmente les retraites des seniors.
Le mot « vieillard » est remplacé par « personnes âgées ». L’accent est mis sur la solidarité, volontaire, familiale, amicale, associative, de voisinage mais aussi sur la solidarité institutionnelle.

À l’échelle locale, les manifestations se démultiplient et les activités proposées aux seniors s’étoffent (conférences, activités sportives, etc…).
La “Journée des Personnes âgées” devient la « Semaine des retraités, personnes âgées et de leurs associations » avant de devenir enfin la « Semaine bleue ».
Un slogan apparaît (il est toujours d’actualité) : « 365 jours pour agir, 7 pour le dire ».
D’autres organismes viennent s’implémenter au Comité national d’organisation de la Semaine bleue . Par exemple, le mouvement chrétien des retraités, les clubs des aînés ruraux, la fondation nationale de gérontologie,etc..
Les associations caritatives s’éloignent petit à petit. À l’échelle locale, ce sont les offices de personnes âgées et les maisons de retraite, qui assurent les premiers rôles.
Les années 80 : l’introduction de la notion “intergénérationnelle” dans la Semaine Bleue
Le secrétaire d’État de l’époque, Joseph Franceschi , lance une campagne gouvernementale sur le thème de la solidarité intergénérationnelle en 1981. Le ministre Théo Braun, chargé des personnes âgées, met en avant la Semaine bleue et supprime la collecte de fonds.
En 1988, il introduit une subvention gouvernementale pour la Semaine Bleue.
Encore une fois, de nouveaux partenaires rejoignent l’aventure : le Comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA) et les grandes institutions de retraite de la Sécurité sociale et des retraites complémentaires.

Au fait, pourquoi la couleur bleue ?
En 2011, sur la plaquette réalisée à l’occasion des 60 ans de la Semaine Bleue , on peut lire :
« Mieux valait dès lors, pour la désignation de notre Semaine, ne pas trop attendre d’un titre qui se bornerait à donner une définition inévitablement lourde et complexe du public qu’elle visait.
Mieux valait s’en remettre à un symbole, à condition de bien le choisir.D’où notre choix du bleu, qui a un pouvoir évocateur et la capacité de trouver un large écho partout. Je veux parler, bien entendu, de celles de Cité Bleue et de Radio Bleue. C’est ainsi que la Journée Nationale des Vieillards, après un long périple et bien des changements, est devenue la Semaine Bleue. »
Existe t’il des Semaines Bleues à l’étranger ?
Sans pour autant partager les spécificités de la Semaine Bleue française, il existe tout de même des équivalents à ces sept jours dédiés aux aînés un peu partout dans le monde. Parmi les plus notables, on pense à celle de nos voisins wallons : la Semaine de l’Intergénération. Son but ? Appuyer et mettre en lumière les initiatives dédiées aux aînés, sensibiliser aux enjeux intergénérationnels et contribuer à briser les stéréotypes liés à l’âge. Les États-Unis ne sont également pas en reste avec la Elder’s Week (littéralement semaine des aînés) qui est organisée à des moments différents de l’année et avec des changements organisationnels d’un état à l’autre.

La Semaine Bleue de cette année
La Semaine Bleue 2020 a pour objectif de développer et de valoriser la place que les aînés occupent dans la communauté et ce, quels que soient leur âge et leur degré d’autonomie. Il s’agit d’impliquer les plus âgés dans la vie sociale et faciliter leur engagement dans les projets de développement de leur territoire. Lutter contre l’isolement social et la relégation sociale dont elle est la conséquence sera un des maîtres- mots de cette Semaine Bleue.
« Tout ce que vous faites pour moi mais sans moi, vous le faites contre moi », disait Gandhi. Une maxime indémodable, et qui doit nous pousser à veiller et à associer très étroitement les personnes âgées à la programmation et à la réalisation d’actions dans le cadre de la Semaine Bleue.
La crise du Covid contribue à révéler le sort peu enviable des personnes âgées isolées à leur domicile, et condamnées au confinement renforcé au motif qu’elles pourraient être contaminées, et entraîner le débordement des services de réanimation. Mais il est remarquable de constater que cette situation suscite des élans de solidarité et de fraternité propres à forcer l’admiration. Nous avons nous même mis en place durant cette période les Échappées , des échanges téléphoniques intergénérationnels visant à lutter contre l’isolement massif des seniors. Enfin, dans le cadre de cette Semaine Bleue, nous proposons de vous faire découvrir nos ateliers culturels et intergénérationnels en visio – voire en présentiel si votre structure permet cela. Cliquez ici pour en savoir plus sur notre offre découverte.